Islamabad, 9 juillet 2024 : Le gouvernement fédéral du Pakistan a accordé à l’Inter-Services Intelligence (ISI), l’agence d’espionnage de premier plan du pays, le pouvoir d’intercepter les appels téléphoniques et les messages sous prétexte de préoccupations de sécurité nationale. Cette décision, détaillée dans une notification émise lundi par le ministère de la Technologie de l’Information, étend les pouvoirs déjà importants de l’organisation militaire secrète.

La décision d’autoriser l’ISI à exercer des capacités de surveillance intervient dans un contexte de surveillance accrue après la diffusion sur les réseaux sociaux d’enregistrements audio, notamment ceux impliquant prétendument l’ancien Premier ministre Imran Khan et son épouse Bushra Khan, avant les élections générales du 8 février. Bushra Khan et d’autres ont contesté ces divulgations devant la Haute Cour d’Islamabad, alléguant une surveillance non autorisée et des violations de la vie privée.

« Exerçant les pouvoirs conférés en vertu de l’article 54 de la loi pakistanaise sur la télécommunication (Réorganisation), 1996, le gouvernement fédéral, dans l’intérêt de la sécurité nationale et pour prévenir d’éventuels délits, a autorisé des officiers désignés nommés par l’ISI, au moins de grade 18, à intercepter les appels, les messages ou à tracer les communications à travers tout système de télécommunication », indique la notification.

L’article 54 de la loi PTA traite des questions de sécurité nationale et permet de telles interceptions, bien qu’il ne spécifie pas l’agence ou le grade exact des fonctionnaires autorisés à donner des directives de surveillance.

Le chef de l’opposition, Omar Ayub Khan, a critiqué la décision du gouvernement comme une « loi draconienne ».

« Sous cette notification, tout peut être soumis à la surveillance au nom de la sécurité nationale », a-t-il déclaré aux journalistes. « Le terme ‘sécurité nationale’ reste indéfini et pourrait être interprété de manière large. Cette notification crée un précédent dangereux. »

Fondée en 1948, l’ISI a pris de l’importance pendant l’occupation soviétique de l’Afghanistan (1979-1989) et est depuis reconnue comme l’une des agences de renseignement les plus organisées du monde en développement. Malgré sa nature secrète, l’influence de l’ISI s’étend à divers aspects des politiques du Pakistan, y compris les relations avec l’Afghanistan et l’Inde. Souvent comparée à la CIA des États-Unis et au Mossad d’Israël, l’échelle opérationnelle de l’ISI reste largement non divulguée, avec une croyance répandue en son vaste réseau d’agents et d’informateurs.